La boîte d’Hervé marchait bien, très bien même. Une croissance à deux chiffres depuis plus de 10 ans, des résultats au top… Que demander de plus ?
Hervé n’était pas satisfait. Les ratios excellents ? Ce n’étaient que des chiffres, des moyens…Ce n’était pas la vie. Il ne fallait tout de même pas se lever le matin pour accroître ses parts de marché…
« Les résultats sont la nourriture de l’entreprise, et l’on ne vit pas pour manger. » avait-il coutume de dire.
« Le manager sera un prestataire de services : ses clients seront ses collaborateurs » tels étaient les vœux pour 2016.
Désormais, chaque collaborateur devrait exprimer clairement ses attentes. Une fois validées, celles-ci deviendraient le cahier des charges du manager. Ses prestations seraient bien sûr évaluées par « ses clients » chaque trimestre pour permettre les justes adaptations. Il serait désormais inconvenant de parler chiffres, résultats ou objectifs. Ce serait le rôle du DAF. En revanche, il deviendrait plus essentiel de parler de ce que l’on apporte au monde (clients internes et externes).
En outre, le manager serait tenu d’inscrire cette histoire dans les comptes-rendus.
Hervé le savait : cela allait « cafouiller » les 6 premiers mois. Il était même probable que les résultats s’en ressentent. Mais il sentait, il savait d’instinct que c’était la bonne démarche.
« Nous ne sommes pas là par hasard…Nous devons faire de chaque journée un chef-d’œuvre… » martelait-il à qui voulait bien l’entendre.
Progressivement, service par service, individus par individus, ces nouvelles méthodes se mirent en place. « J’ai besoin d’être un peu aidé pour mes priorités » dit le premier , « J’ai besoin de connaître l’importance de mon travail » dit le second, « je ne sais plus où donner de la tête » dit le troisième…
La boîte n’était désormais plus centrée sur les objectifs mais sur le service à rendre.
« Servir, c’est la noblesse de notre fonction » disait Hervé. « Notre travail a cette vocation irremplaçable… Servir nos clients, c’est grandir notre entreprise »…
Curieusement, cette démarche fit tâche d’huile rapidement. Dès 2020, plus de 80% des entreprises avaient « passé le cap ». Sortis des affrontements et des tourments, chacun s’affairait avec zèle et plaisir à optimiser leurs actions.
On en vint même à rire des « burn-out d’antan ».
La maturité était enfin arrivée dans les organisations pour le plus grand intérêt de tous…
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