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Petit guide de "sur-vie"... grâce à Covid !

Dernière mise à jour : 20 juil. 2020

(fiche proposée par Mario Cuda, psychopraticien formateur)


N’entendez pas la sur-vie dans le sens de survivre mais plutôt comme un plus dont nous pourrions nous saisir et qui nous offrirait l’occasion de mieux nous connaitre, de nous découvrir et donc, de mieux vivre la période actuelle et surtout l’après… Me diriez-vous, fort à propos, que l’urgence est de se protéger, de ne pas être contaminé et que la question de faire quelque chose de ce qui pourrait nous défaire se verra plus tard… Je vous répondrais que les deux ne sont pas antinomiques, bien au contraire, ils sont complémentaires, comme les deux faces de la même pièce.


Amusons-nous à faire, ce que nous appelons, une petite expérience de pensée : Imaginez que nous soyons cette pièce, une des faces serait notre cerveau, son but étant de nous protéger, nous préserver et de nous maintenir en vie, c’est ce qui se passe lorsqu’un danger surgit sur la route quand nous sommes en voiture et qu’il nous faut freiner en toute urgence. Et l’autre face serait notre esprit à savoir, la conscience que nous avons de nous-mêmes avec comme facultés : le raisonnement, le discernement, l’entendement, l’abstraction, l’induction, la déduction et tutti quanti…, et, c’est grâce à ces fonctions cognitives que nous pouvons faire face à certaines situations complexes, que nous ne basculons pas dans des comportements complètement irrationnels, déconnectés de la réalité. Selon les circonstances, notre humeur et bien d’autres éléments, c’est l’un ou l’autre de ces états qui sera aux commandes de nos actions. Et, selon les cas, nous serons soit dans le réflexe (notre cerveau) soit dans la réflexion (notre esprit).


Dans une période comme celle que nous vivons où dominent l’incertitude, la contagion émotionnelle, la peur et l’angoisse, nous aurions tendance à laisser notre cerveau nous diriger puisqu’il est là pour nous protéger et nous maintenir en vie… Il doit mieux savoir faire que nous ! Et puis, grâce à lui, je n’ai rien à faire, juste à laisser faire et attendre. Mais il y a un prix à payer à cette démission de soi-même c’est de nous voir devenir prisonnier de nos peurs, de nos angoisses, des incertitudes que cela génère car notre cerveau, se mettant, lui, bien réellement en mode survie, il ne peut que nous faire éprouver le bien-fondé des effets de son activité cognitive. Le sentiment de peur sera amplifié, la difficulté à identifier le danger, à y mettre des mots dessus favorisera l’émergence de l’angoisse jusqu’au moment où nous finirons par nous identifier à nos états internes au point de devenir la peur et l’angoisse.


Il est dit que l’expérience ce n’est pas ce qui nous arrive mais ce que nous faisons avec ce qui nous arrive et là, nous transformons l’expérience en processus d’acquisition de connaissances. Alors, comment faire de l’incertitude, de la peur et de l’angoisse des points d’appui à un apprentissage existentiel susceptible de nous offrir de nouvelles connaissances de soi ?


D’abord, en considérant que l’incertitude, la peur, l’angoisse ne sont pas des réalités ou des états négatifs, ils sont des informations qui nous disent le rapport entretenu avec notre environnement :

L’incertitude : il est normal qu’elle produise de la peur, de l’angoisse… Si nous n’éprouvions

pas ces états internes, nous ne pourrions pas élaborer une posture d’adaptation. C’est pour

cela qu’il est dit que l’incertitude est l’espace de création nécessaire au dépassement de soi.

D’où l’importance de ne jamais oublier ce que disait Piaget : « L’intelligence ce n’est pas ce

que nous savons, mais ce que nous faisons lorsque nous ne savons pas ! »

La peur : elle aussi n’est pas négative… Grâce à elle nous pouvons nous mobiliser afin de faire face au danger, nous pouvons puiser dans nos réserves afin d’être prêt à répondre à la

situation de danger. Et surtout, la peur nous aide à voir là où il nous faut regarder.

Et enfin l’angoisse… Et bien, elle aussi est positive car lorsqu’elle prend forme c’est que nous

avons oublié d’écouter la peur et tenté d’y apporter la réponse la plus adaptée et la peur

n’empêchant pas le danger, ce dernier n’est plus seulement à l’extérieur, il s’est installé en

nous et là, il est plutôt difficile à "perce-voir". Et, ce qui ne peut pas s’identifier nous angoisse.


Le caractère pathogène de ces états émerge lorsque nous les fuyons puisqu’ils sont plus forts que nous et, ce sont eux qui définiront la grille de lecture avec laquelle nous interpréterons notre vécu interne en lien avec l’extérieur. Notre grille de lecture venant s’alimenter à la source de notre fragilité, nous ne pourrons que nous sentir fragiles, démunis et réactionnels.


Alors, comment passer du "Capitaine-cerveau" qui dirige en s’appuyant sur les expériences en lien avec notre passé et les traces mnésiques qu’elles ont laissé à "Capitaine-esprit", c’est-à-dire soi-même capable de discerner dans l’ici et maintenant les potentialités avec lesquelles il nous sera possible d’élaborer une stratégie d’adaptation la plus efficace en nous appuyant sur nos capacités et nous permettant ainsi de nous découvrir porteurs de ce potentiel et faire en sorte que nous soyons des acteurs de cette période ? Comment éviter que notre passé soit trop prégnant dans la représentation que nous nous faisons de notre présent ?


Accepter, accueillir et reconnaître sont les trois états d’être qui peuvent permettre le passage d’une posture de fuite et de soumission aux affres du dehors à une prise de conscience d’une capacité à être et ce, malgré l’incertitude inhérente à la situation actuelle.


Pourquoi devoir accepter ? Déjà, pour ne plus lutter contre soi car le caractère anxiogène de cette posture affaiblit notre système auto-immune du fait de l’anxiété qu’elle génère, alimente le doute et par ricochet fragilise notre capacité à nous faire confiance. Il n’y a rien de honteux à avoir peur !


Pourquoi devoir accueillir ? Il n’existe guère de moyens pour se découvrir si ce n’est qu’en accueillant l’être que nous sommes, avec nos fragilités, nos imperfections, nos incomplétudes mais aussi avec nos forces, nos compétences, notre perfectibilité… Accueillir toutes ces dimensions de soi c’est être là pour soi, c’est se reconnaître dans cette sensibilité. Ces dimensions sont la mémoire de notre histoire, en les accueillant, nous nous découvrons dans ces zones absentes de nous et nous nous réconcilions avec nous-mêmes. En accueillant, nous posons les fondations de notre force à venir car ce ne peut être que sur nos fragilités que notre capacité à tenir face aux épreuves de l’existence pourra se développer.


Pourquoi devoir reconnaître ? Pour ne plus tricher avec nous-mêmes, pour ne plus nous fuir, pour ne plus nous raconter d’histoires. Oui, je suis celui qui a peur, qui angoisse, qui ressens d’une manière oppressante le poids de l’incertitude. Si je suis cela, je ne suis pas que cela car je suis aussi celui qui peut faire preuve de compassion, d’empathie, de bienveillance, non seulement pour autrui mais aussi pour moi-même. Se donner ce qui nous a manqué, telle peut être l’occasion à saisir.


Nos émotions sont de très bons serviteurs, mais de très mauvais maîtres. Nous devons les écouter mais elles ne peuvent pas nous guider car elles ont une amplitude adaptative extrêmement limitée. La peur ne peut être que la peur, l’angoisse ne peut être que

l’angoisse. Il nous revient, en nous appuyant sur la légitimité de leur présence, de les métaboliser en courage, en intelligence, en ouverture vers l’autre, en altruisme et surtout en reconnaissance de soi, dans nos forces comme dans nos fragilités.


Oser se dire à soi, oser dire à l’autre combien la période nous étreint, nous oppresse, c’est éliminer le poison de la peur, c’est se donner l’antidote pour qu’ensemble nous puissions, traverser cette épreuve. Alors, si "Capitaine-cerveau" doit être là pour nous dire de faire attention, remercions-le de nous prévenir et donnons à "Capitaine-esprit" la possibilité de faire le nécessaire pour que d’un moment d’incertitude nous en fassions un moment de création d’humanité partagée et n’oublions jamais :


Le cerveau est à l’esprit ce que le pinceau est à la toile et cette toile, c’est notre existence.


Avec toute ma considération et ma gratitude.



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