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Projet d’établissement et "éléments de langage" pour les soignants (réflexion)

Dernière mise à jour : 4 sept. 2023

Si les projets d’établissements décrivent des objectifs à atteindre ainsi que des actions à entreprendre, il appartient au manager de "faire vivre" (selon l’expression consacrée) tous ces concepts, faute de les transformer en vœux pieux ou en incantations.

Le langage et la culture des équipes sont des éléments fondateurs de la mise en œuvre des prestations destinées à offrir aux sujets âgés sous protection des établissements la meilleure qualité de vie possible.

Un propos peut annuler un dessein : vouloir exprimer sa bienveillance spontanément avec ses "propres mots" conduit parfois à l’inverse du but recherché. L’auteur du propos peut en ignorer les conséquences, les attribuer à une mauvaise interprétation. Le manager, lui, peut "recadrer" les éléments de langage qu’il jugera inadéquats (exemple : tutoiement, familiarités jugées déplacées, …).

L’on se retrouvera alors avec un cadre qui condamne les propos (et donc celui ou celle qui les émet), sous-entendant que ceux-ci sont le fruit d’une "mauvaise manière de travailler". Cela revient donc à nier l’intentionnalité de l’émetteur du message qui croyait probablement "bien faire", "se montrer sur son meilleur jour" et donc exprimer sa bienveillance vis-à-vis de ces personnes fragilisées par une si longue vie.

Serait-ce la double peine ? Il ou elle est condamné pour ses propos car, dit-on, ils sont offensants alors qu’il ou elle les croyait bienveillants (première offense) et, d’une manière générale, c’est sa culture, celle de son quartier, de ses pairs, qui serait inadéquate (deuxième offense) ? Il ou elle est donc doublement coupable : d’avoir mal dit et d’être "mauvais". Impossible, donc, de s’amender sans se renier…

Oui, l’on maîtrise de mieux en mieux les éléments méthodologiques pour produire les projets et oui, l’on achoppe sur le réel. L’écrit sécurise, l’oral détruit…

Faudrait-il donc enseigner une « grammaire » de la gérontologie, partager avec les équipes les manières les plus efficaces de formuler ? Cela mettrait-il de côté l’offense faite à ceux qui n’auraient su dire efficacement ?

Oui, probablement : ils sauraient qu’il existe des manières particulières de s’exprimer, de reformuler, de comprendre…et qui ont droit de cité…hors de la cité.

Un entraînement serait indispensable pour effacer les réflexes langagiers temporairement, le temps de ces 7H00 consécutives dans l’EHPAD, le temps de ces coups frappés à la porte des chambres, le temps de la formulation de l’offre (soins, toilettes, …).

Le fossé culturel entre managers et équipes est parfois abyssal… Cette fameuse notion de "savoir être" y retrouverait donc des couleurs plus précises, s’assiérait sur les structures langagières pertinentes…

Il serait donc préférable d’enseigner cette manière d’exprimer plutôt que de tancer cette génération Y qui serait imbuvable ?

Faire vivre un projet au cœur des équipes serait donc aussi travailler et faire travailler sur ce que l’on est ? Ce serait donc établir un distinguo net entre identité personnelle et identité professionnelle ?

Les objectifs ne seraient plus seulement définis par des actions à entreprendre mais aussi par une modification propre de la nature de chacun pendant le temps de l’activité professionnelle?

Souvenons-nous comment l’on manageait il y a trente ans et nous saurons mieux comment nous managerons dans trente ans…

L’écriture du projet est la genèse : il appartient à tous de la traduire en mots, attitudes, comportements afin que la cohérence apparaisse au grand jour.

Ce sera dans l’anecdotique, dans le quotidien, dans ces « petits » échanges sur tout et rien que le projet d’établissement vivra le mieux, de la manière la plus authentique.

Oui nous avons fait des efforts considérables pour présenter : architecture, espaces conviviaux, tables bien ordonnées, mets remarquablement présentés… Sachons donc proposer au mieux nos prestations : habileté, souplesse et authenticité de nos mots compléteront excellemment nos actions…

Licet sensum id optime faciendum aliis possumus (bien s’exprimer est le meilleur hommage que l’on peut faire à autrui).

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